Bonne année à tous de Aurangabad, Inde
Ajanta, le 31-12-06
Mon Dieu, plus de 3 semaines sans avoir pris la plume…..Y a du laisser aller !! Mais je dois dire que, même si de temps à autres, je laisserais bien couler le temps, vos encouragements nous donnent du courage pour vous conter nos petites aventures...
Nous passons donc la frontière le 11 décembre dernier, au seul point de passage entre l’Inde et le Pakistan. Matthieu, avant de quitter Lahore, nous avait un peu briefé sur le spectacle. Et quel spectacle !! Je passe, coté Pakistanais, sur les demandes bien gentilles mais très clairement exprimées pour des petits cadeaux…Pas très coopératifs les Duduch sur ce plan… Mais c’est surtout le transfert des marchandises Indiennes vers le Pakistan qui nous laisse pantois. Des milliers de fourmis humaines se relaient pour décharger sur leur tête, des centaines de tonnes de marchandises, les Indiens habillés en bleu et les Pakistanais en rouge. Arrivés à la ligne blanche peinte au sol et marquant physiquement la frontière, les bleus passent leur colis aux rouges, et cela dans un va-et-vient incessant….. Aujourd’hui, on décharge des cageots de tomates. Il faut les voir, durant les 500m que chacun a à parcourir de part et d’autre de la frontière, en train de piquer des tomates délicatement dans le cageot qu’il porte et s’en mettre plein les poches. Sacrée introduction au pays de la main d’œuvre pas chère !!!
A la frontière pakistano-indienne, passage des marchandises
Les douaniers indiens nous feront également un accueil « spécial ». Les pauvres n’ayant pas grand-chose à faire (j’ai comptabilisé sur les multiples registres à remplir, 19 passages la veille : pas lourd pour le seul point de passage entre un pays de plus de 1 milliard d’habitants et un autre de 160 millions !!!), nous avons le droit à la totale : vérification du No de châssis, du No de moteur (tu peux toujours courir pour le lire celui-là !!), visite en règle du camion (on avait bien pris soin de ne pas le ranger avant….t’imagine le b…), ouverture des malles sur la galerie,…On a eu beau lâcher les lions, enfin je veux dire les enfants, histoire d’activer un peu les choses, ils nous garde tout de même pendant 5 heures !! Le genre de situation dont Claire raffole…Moi, toujours très zen, je ronge mon frein en me répétant qu’il ne faut surtout pas péter les plombs…..
Une fois la dernière barrière passée, nous découvrons des centaines de camions en attente de déchargement. C’est vrai que le temps ne compte pas, ici…
Autre spectacle qui nous attend de l’autre coté de la frontière : la circulation routière. Désolé de décevoir nos amis Iraniens mais nous avons trouvé encore plus fou que la circulation Téhéranaise. Disons qu’ici, c’est un peu Téhéran, mais avec en plus sur la route, une diversité incroyable d’engins difficilement identifiables : cela va du simple vélo rouillé au camion aux pneus usés jusqu’à la corde, en passant par le char à bœufs, la moto avec 5 passagers montés à califourchon, au tracteur roulant à contre sens, au vieux rikchaw bondé, ou au tricycle sur lequel un indien est arque bouté,…sans parler des vaches sacrées tranquillement couchées sur le bas coté de la route ou contre le terre plein central…Terrifiant ! Effroyable ! C’est simple, dés le lendemain, je touche 2 véhicules, heureusement sans gravité.
Deux petites anecdotes pour finir sur la circulation: d’une part, les rétroviseurs qui sont ici soit cassés, soit rabattus (peut être de peur de les casser !) ; Contrairement à Téhéran ou ils pouvaient éventuellement servir à évaluer l’espace disponible de part et d’autre du véhicule, ici, on ne cherche pas à savoir si ça passe, on fonce !!!
Et puis, les clignotants : dans nos contrées lointaines, ils servent à prévenir de la direction qu’on souhaite donner à son véhicule. Eh bien ici, rien de tout cela ! C’est pour indiquer au véhicule qui nous suit, de quel coté il peut doubler. Alors, vous imaginez la scène : le véhicule qui vous précède roule sur la voie de droite (la voie de gauche est tellement encombrées par toute sorte d’objets mobiles non identifiés) et se rabat à gauche tout en mettant son clignotant à droite… Faut vraiment s’accrocher !!!
Nous arrivons à Amritsar en fin d’après-midi, après à peine 30 km de route, mais épuisés par cette première journée et pas vraiment dans les meilleures conditions : en pleine heure de pointe, dans un vacarme terrifiant de klaxons, sans argent indien, sans guide nous permettant de nous repérer dans cette ville et avec seulement un vague souvenir d’un nom de parking d’hôtel (le International Inn ?) ou bivouaquer….Je vous laisse imaginer l’ambiance à l’intérieur d’Obelix….Mais super Duduch va faire encore des merveilles !!! Après une bonne heure à errer dans les rues de la ville (et la peur au ventre de devoir rentrer bredouille à la maison !) je réussis tout de même à retrouver le fameux parking du …Amritsar International Hôtel (c’était pas loin) Pas de chance, il a fermé ses portes depuis 3 mois mais il fera tout de même l’affaire.
Avec tout cela, impossible de trouver des tchapatis. Et là, ça vous casse un moral !! Comment allons nous imaginez pouvoir vivre sans notre dose quotidienne de tchapatis…On apprendra un peu plus tard qu’en Inde du nord, les tchapatis sont plus petits et généralement préparés directement chez les particuliers. Vivement l’Inde du sud !
Le lendemain matin, visite du Golden Temple. Nous avions prévu une petite heure, nous y resterons 3 bonnes heures…Quelle havre de paix et de calme à l’intérieur, alors qu’à l’extérieur, la foule et le bruit incessant des klaxons vous terrorisent (une vraie thérapie pour mieux supporter le stress du quotidien) Même les enfants se font happer par ce rythme lancinant des chants religieux récités en continu 24h/24. J’y retournerai même en fin d’après midi pour faire quelques photos au coucher de soleil. Un vrai bonheur.
Le Golden Temple
Les Duduch (les turbans sont fournis)
Détail du Golden Temple
Nous reprenons ensuite la route pour Delhi : 2 jours pour 450 km… Par contre, nous sommes assez agréablement surpris par l’infrastructure routière assez développée de la ville.
Delhi, notre 2eme « pose » technique du voyage ou nous installons notre QG chez Alexandra et Emmanuel, des expats fraîchement débarqués de Bangkok pour le compte d’Auchan et dont nous avons eu les coordonnées par des amis de Tanger…que voulez vous, c’est aussi cela, la mondialisation !! Comme à Téhéran, nous sommes superbement accueillis pendant près d’une semaine, d’abord pour des questions de logistique (la machine à laver d’Alexandra a pas du bien comprendre ce qu’il lui arrivait !!!) mais surtout afin de pouvoir échanger et tenter de mieux comprendre ce pays si envoutant mais aussi si difficile et énigmatique pour un œil occidental non initié. Suite aux multiples diners et apéros (un grand merci à tous pour votre accueil), nous sommes tout de même très impressionnés par la difficulté avec laquelle les expatriés (dont certains sont arrivés à Delhi très enthousiastes sur leur expatriation) ont du mal à s’intégrer un minimum dans cette société indienne.
Nous rencontrons tout de même François et Frédérique, qui après à peine un an en Inde, nous impressionnent par leur connaissance de la culture indienne et la multitude des sites visités. Ils nous montent du coup un petit programme touristique pour la route entre Dehli et Bombay, digne des meilleurs tour-opérateurs !! Merci encore pour vos bons conseils et pour les Guides Bleus (tu as tout à fait raison Frédérique, l’intro est de fait passionnante)
Toujours grâce aux mêmes amis Tangérois (merci Céline et Xavier), je profite également de notre passage à Delhi pour faire vérifier les pneus d’Obelix. Rien de tel que le patron de Michelin Inde pour se rassurer sur leur état : Obelix devrait pouvoir encore avaler qq 15 à 20 000 km supplémentaires. Par contre, le pb des vibrations sur le pont avant subsiste toujours. Je préfère attendre Madras (ou je devrais pouvoir amener Obelix dans un garage de confiance) pour régler cette question.
Je profite également pour aller saluer Promod Mitros, le patron de Veolia Inde. Contrairement à son voisin la Chine, les infrastructures publiques en Inde accusent un retard très important. Promod a beau être très optimiste sur la délégation prochaine des services publics d’eau et d’assainissement des grandes métropoles, je reste un peu perplexe quand je vois l’état des infrastructures routières, un autre chantier autrement plus prioritaire pour l’économie Indienne. On sent d’autre part les indiens tellement fiers de contrôler eux-mêmes leur propre destiné, sans l’assistance du monde extérieur…
Avec Promod, de Veolia Inde
Jeudi 21 décembre, nous levons le camp à 6 h du matin, histoire d’éviter les embouteillages monstres que nous avaient prédits beaucoup de monde. Et de fait, on n’a pas grand monde sur la route mais à peine sortis de Dehli, nous tombons sur un brouillard à couper au couteau. Je n’avais jamais vu cela de ma vie !! Vous imaginez la conduite indienne dans ce type d’environnement….les carambolages se succèdent les uns derrière les autres. Un vrai carnage !! Continuer devient du vrai suicide et nous décidons de nous mettre à l’abri dans un petit chemin de traverse (et de rattraper le sommeil perdu). On ne repartira que vers midi.
Du coup, nous arrivons trop tard à Agra pour visiter tranquillement le Taj Mahal. Pas de problème, on se rattrapera demain matin…En attendant, ce sera le Red Fort.
Le lendemain, lever aux aurores pour pouvoir profiter de la belle lumière du levé du jour. Nous arrivons vers 8 heures au guichet, tout content de constater que nous sommes quasiment les premiers visiteurs….tu m’étonnes !! C’est jour de fermeture aujourd’hui !! J’te jure… Du coup, changement de programme et nous passons finalement une excellente journée à visiter Fatchpur Sikri, l’ephemere capitale d’Akbar, et véritable traduction dans la pierre de la curiosité de cet empereur Moghol pour les religions hindouiste, musulmane, bouddhiste, jainisme, zoroastrienne et même chrétienne.
A Fatehpur Sikri
Les Pichtouns à Fatehpur Sikri
Au red Fort à Agra avec le Taj Mahal en arrière plan
Le Taj Mahal est enfin à nous le lendemain. Malgré la foule de touristes, ce mausolée, dans sa blancheur immaculée, reste un lieu magique. Je laisse les photos parler d’elles même.
Valentine répondant à la 4357 ième demande de pose pour une photo
L’après midi, nous filons sur Gwalior, citadelle rajpoute perchée sur un long éperon rocheux de près de 3 km. Afin de pouvoir admirer le lendemain la formidable muraille coté est, sous la lumière du petit matin, nous grimpons avec Obelix le raidillon d’accès à la citadelle. Une petite plateforme nous accueille pour un bivouac aux premières loges. Le spot est super…mais pas assez sécurisé au goût de la police locale. Après moultes palabres, nous serons finalement obligés de redescendre dans la soirée. Dommage.
Obelix accroché à la falaise de Gwalior
Fort de Gwalior
Baptiste en super batman au Cricket
24 Décembre : Noël. Après une visite matinale de la citadelle de Gwalior, nous reprenons la route (totalement défoncée) en direction de Sanchi. Avec une moyenne horaire de 40 km/h maximum, nous avons du mal à respecter notre programme de route et bivouaquons finalement, épuisés, sur une aire de station service. Très sexy, pour une nuit de Noël !! Heureusement, les enfants sont gonflés à bloc pour préparer une super teuf : grand nettoyage et décoration d’Obelix, confection d’une crèche de fortune et bon petit gueuletton avec toasts au foie gras (que nous transportons depuis Breugny) et gâteau au chocolat. On finira par les grands classiques des chants de Noël.
Cette soirée est également l’occasion de faire un petit point sur l’ambiance au sein de la famille pendant ce voyage et des qq. ajustements que chacun doit essayer d’apporter dans son comportement…..Il y en a du travail !! et pour tout le monde !!
Juste une petite anecdote : le gérant de la station service vient nous voir à la terrasse et très sérieux, nous annonce en regardant Valentine jouer sur la pelouse (il faut imaginer, pour ceux qui connaissent l’Inde, l’accent indien avec le balancement de tête) : « Mister, it is a fact of life : your daughter just looks like a baby dole ». Je me suis fait vraiment mal aux lèvres pour ne pas éclater de rire….. Il faut dire que celle-la en fait craquer plus d’un !! C’est d’ailleurs une des raisons qui ferait rentrer Valentine à Breugny :
- Y a trop de monsieurs qui me font des bisous
- Y a trop d’askidants sur la route
- Y a trop de bosses dans Obelix
- Je voudrais revoir ma maîtresse d’espagnol
Rien n’est donc gagné….
Le lendemain, nous reprenons la route tôt le matin pour Sanchi, « colline inspirée », ou vécu pendant treize siècles, une communauté de moines Bouddhistes qui y enseignait la voie qui libère de tout désir, de toute volonté, le tout au milieu d’une campagne verdoyante et paisible. Un colossal Stupa, vieux de plus de 2 000 ans, a miraculeusement conservé ses quatre Torana (portes), admirablement décorées. On a tellement aimé, qu’on y est retourné 3 fois !! Il faut dire que nous avions également installé notre bivouac, au calme, dans le jardin de la guest house du coin…un vrai moment de tranquillité.
Stupa 1 de Sanchi
Toran nord du Stupa de Sanchi
La mouche donne le niveau de détail de la sculpture
Seule déception : nous avions organisé un RDV téléphonique avec la France mais nous étions hors réseau, dans notre paradis paumé !!! (pour ceux qui voudrait nous appeler pendant notre séjour en Inde, notre No de portable est le + 91 99 88 44 15 78)
Allez, j’arrête là pour ce soir nos petites histoires, sinon je ne vais jamais envoyer ce nouveau message (il faut dire qu’il nous est arrivé tellement d’histoires, ces trois derniers jours……mais ça, ce sera pour le prochain message, l’an prochain !!!)
On ne va tout de même pas se quitter sans vous souhaiter de très bonnes fêtes de fin d’année à tous et plein de bonnes choses pour 2007….